samedi 30 mai 2009

Campagne 4 : Longji Rice terraces

Détour par Longsheng, au Nord de Guilin, et longue progression sur d’improbables routes de montagne pour atteindre les "Longji rice terraces".
Cette organisation agricole, très iconique une fois de plus, est constituée de terrasses rizicoles installées à flan de collines. Une ingénierie assez sophistiquée de canaux de terres canalise les ruisseaux descendant des collines pour maintenir en eau les terrasses. Le système peut recouvrir des vallées entières.
Sur ces collines, c’est une agriculture touristique qui se développe. Des maisons de bois accueillent les voyageurs. Des grand-mères aux longs cheveux nattés portent même les effets de ceux qui sont près à les payer pour ça. Le riz et les terrasses sont toujours là et l’entretient minutieux que ce système nécessite est encore effectué (peu de jachères ici). La question reste cependant posée de savoir si la quantité d’efforts que cette exploitation nécessite se suffirait aujourd’hui à elle-même sans les revenus du tourisme. A quoi ressembleraient ces collines sans les visiteurs ?
Ou finit la subsistance et où commence le parc à thème ?




vendredi 29 mai 2009

Paysage disséqué

Changer de vitesse et changer de point de vue : « Mongol Fier » pour « Fééries karstiques » (comme dit le trop méconnu guide du routard).
A 800 mètres d’altitude et en montgolfière, le paysage n’a plus rien à voir. On s’éloigne de l’estampe chinoise, de l’aquarellage stylisée et cliché pour la cartographie et l’analyse en plan : même morcellement agricole minuscule et même développement anarchique organisé : un urbanisme de grappe parti à la rencontre d’une mosaïque maraîchère et rizicole.
Une fois disséqué le paysage icône peut alors se lire en métaphore hallucinée d’une ville icône. De Yangshuo à Shanghai : rizière contre quartiers de lilongs, montagne contre viaducs autoroutiers et montgolfière à la hauteur des plus grandes tours de Pudong.




jeudi 28 mai 2009

Paysage mythifié

« Rutten morgen ». Un bien joli gîte que le « Giggling Tree ». Ancienne ferme d’adobe et de briques réhabilité et transformé par un couple de sympathiques hollandais. Après des OPA réussies (avec l’aide d’autres sympathiques couples anglais) sur la Drôme, l’Ardèche, l’Eure ou encore la Creuse, les couples hollandais sympathiques s’attaquent aux espaces ruraux chinois.
La région est connue et célébrée pour la forme particulière qu’à prise ici l’érosion. Des pains de sucre minéraux, hérissés de forêt inaccessibles que séparent des rizières vert émeraude, des buffles s’ébrouant dans les cours d’eau sous le ciel blanc : bonne pioche que Yangshuo.
Haut lieu d’un tourisme global et recomposé du sud-est asiatique où la Thaïlande se résumerait à ses plages, le Yunnan à ses collines et ses cultures ethniques et Yangshuo à sa verdure fraîche et photogénique : une Normandie chinoise.

Quelques jours dans une autre campagne, un autre pays pour qui vient des villes chinoises, à pédaler, pagayer, escalader en compagnie de vacanciers chinois sympathiques et d’occidentaux de passage mais aussi toujours et désespérément… sympathiques.




mercredi 27 mai 2009

La Rivière Li, la Chine à 2€ (20 yuans)

Descente de la rivière Li vers Yangshuo depuis Guilin. Arrivée au pays des collines karstiques et des appareils photos High-techs.
Suprême reconnaissance, le paysage est reproduit sur les billets de 20 yuans. C’est dire si c’est beau.



mardi 26 mai 2009

Campagne 3 : Guilin

Nouvelle campagne vers la campagne. Après le Yunnan montagneux, direction la région de Guilin, ses pains de sucre rocheux, ses rizières vert amande et l’hyper humidité du Sud de la Chine.
Départ panoramique au-dessus de Shanghai, arrivée en rase-motte dans les champs. Dans l’avion, les têtes brunes opinent doucement.
A la rencontre du riz et de ceux qui le plantent.


lundi 25 mai 2009

Suzhou : Chine rêvée, chine réelle

Passage à Suzhou, ville des canaux et des jardins à l'ouest de Shanghai.
Le texte de Frédéric Eidelmann en bandoulière.
« Parfois, il faut accepter la coexistence de points de vue antagonistes sans chercher à résoudre des équations dont la solution, s’il y en a, appartient au futur. En revanche, nous pouvons dresser un constat simple : l’image que donne le Chine d’elle-même, comme l’image même plurielle que s’en font les observateurs extérieurs, est lacunaire et fausse à l’instar de ces cartes postales qui, en focalisant l’attention sur un fragment de réalité, finissent par évacuer l’essentiel. Ainsi en est-il de ces photos de pékin ou des canaux de Suzhou, cadrées pour éliminer les tours et les gratte-ciels devenus l’ordinaire des cités. Mieux encore, ou pis, elles laissent supposer la permanence d’une Chine qui, pour l’essentiel n’est plus et, par définition, elles ne donnent aucune des clefs de compréhension d’un pays qui se trouve isolé par ses langues et son écriture que bien trop peu de gens s’efforcent de comprendre. »

Frédéric Edelmann – Questions sur la mutation d’un empire in « Dans la ville chinoise » - catalogue de l’exposition tenue à la cité de l’architecture et du patrimoine en 2008

On nous avait décrit une Venise chinoise et nous avons découvert tout autre chose... Chine rêvée, chine réelle.

dimanche 24 mai 2009

Yangzte River Delta

Le temps d’un week-end, voyage triangulaire dans le delta du Yangzte : de Shanghai à Hangzhou, de Hangzhou à Suzhou et de Suzhou à Shanghai ; train puis bus puis train.
Le paysage défile, plat et morne sous le ciel blanc.
A toutes les échelles, c’est la même armature, le même système hydrologique et le même patchwork : canaux qui délimitent des champs, que recouvrent des serres, qu’agglomèrent des hameaux d’habitations où s’organisent des grappes de bâtiments industriels. La répétition est à peine interrompue par le tracé des autoroutes ou les chantiers.
Et pourtant la vie est toujours là. Ici comme partout ailleurs, le paysage chinois s’anime car il est un paysage peuplé et que l’humanité y est partout présent. Aux confins des différents systèmes, le long des autoroutes, au bord des champs, à la limite des villes ou des hameaux, de minuscules lopins, des jardins très entretenus où souvent se courbe une silhouette : la frange jardinée.
En Chine le patrimoine est plus volontiers dans les gens que dans les choses et ces pratiques potagères individuelles indiquent sans doute une proximité et un regard à la terre que les gratte-ciels de Pudong et les échangeurs de Shanghai ne peuvent cacher.





NB : blocage, blocage. Cette fois ci c'est flickr qui est bloqué par le great Firewall. Résultat, nouvelle astuce nécessaire pour transmettre les images et nouveua retard sur le blog.Une fois l'anniversaire des 20 ans de Tianamen passé, la censure devrait se desserer (nous a-t-on dit).

samedi 23 mai 2009

Shangh'art - M50 Moganshan Lu

Visite en deux fois de la friche culturelle du 50 Moganshan Lu.
A l'origine une usine abandonnée de tissus et de couvertures, la Chunming Textile Mill Compound, qui végète doucement le long de la Suzhou Creek, rivière indolente à la limite Nord de l'hypercentre shanghaien. A l'instar d'un tissu industriel ancien, installé en centre ville aux temps glorieux du développement maoïste, la zone entre en mutation violente au début des années 90 quand Shanghai sort de sa longue léthargie.
Les inévitables compounds poussent par grappes et une petite colonie d'artiste investi l'usine en 2004 pour y implanter galeries et résidences.
A nos oreilles cette histoire est presque déjà connue et rappelle beaucoup de situations similaires dans d'autres villes européennes : un Shanghai berlinois certes puisque tout existe ici.
A l'image, et un peu après, les expériences culturelles pékinoises (cf le Dashanzi-798 et l'orchestration de
"La ruée vers l'art" http://next.liberation.fr/article/pekin-la-ruee-vers-l-art), la zone a été incorporée à la fabrique urbaine shanghaienne, officiellement adoubée par la municipalité et rebaptisée en avril 2005 "Creative Industry Clustering Park".

Vraie ou fausse spontanéité, le lieu s'arpente et l'art contemporain chinois se visite et s'achète dans les anciens ateliers, entrepôts et vestiaires.
A Pékin, le retour d'expérience des "friches artistiques" pourrait faire craindre l'avenir du lieu. En 2007, cerné par les Starbucks et envahi de touristes passant par le 798SPACE après la Cité Interdite et avant le Marché aux soies, l'artiste Cang Xin constatait «Ce que le gouvernement n’a pas réussi par la censure, il est en train de l’obtenir par le commerce. Je ne vois plus beaucoup de contestation autour de moi.»

D'aucun décrive l'art contemporain chinois comme une visite organisée (dédiée principalement aux étrangers)ou la mise en scène baroque et décalée des traditions et de l'histoire récente du pays.
La visite du M50 suggère le classement suivant, injuste et bien sûr trop rapide, de cette progéniture monstrueuse, fruit des amours contrariés d'Andy Warhol et de Mao Tsé-toung.

- le style POP-révolution culturelle
sujets : ouvriers, paysans et soldats des temps glorieux passés aux néons
ambiance : humooouuuur et décalage
- le style Destroy art and Craft
sujets : les objets traditionnels chinois revisités
ambiance : joliesse et chinoiserie
- le style Triste urbanité
sujets : gros chantiers, skylines et échangeurs
ambiance : mélancolie obligée
- le style Pandi Panda
sujet : pause et repose, la contemporanéité exubérante
ambiance : gesticulation colorée

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vendredi 22 mai 2009

Expo 2010, work in progress

A l'autre bout du monde, le pavillon français de l'expo Shanghai 2010 avance.
Visite des prototypes paysagers et architecturaux.
Question subsidiaire, sauras-tu reconnaître un architecte célèbre sur cet échaffaudage ?

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mercredi 20 mai 2009

The Great Firewall

On l'appelle ainsi en référence au "Great Wall", la trop fameuse grande muraille qui n'est en fait pas visible depuis l'espace (et à laquelle nous devons bientôt rendre visite).
The Great Firewall désigne donc la police chinoise de l'internet, ses 30.000 membres estimés, et son action elle bien visible depuis internet.
De nombreuses sites sont inaccessibles sur l'internet chinois, des moteurs de recherches sont contraints d'adapter leur résultat (Tian an Men depuis Google France c'est une révolte étudiante historique, depuis Google Chine, c'est une référence touristique), sur les forums de discussion chinois, les commentaires désobligeants peuvent être effacés avec un délai d'une minute.

Dernier exemple, depuis le 15 mai tous les blogs hébergés par Blogspot sont inaccessibles depuis la Chine. (Youtube était lui bloqué depuis mars).
Cela concerne donc Shangwhy, que nous ne pouvons consulter et mettre à jour qu'à la marge et selon des méthodes techniques rocambolesques.
Ceci explique en partie notre absence sur le site depuis une semaine.
En partie seulement car le moral est toujours bon et la censure ne nous fera pas taire (ou alors si mais on boudera très fort); l'adage précisant bien que "En mai fait ce qu'il te plaît" et les ponts du même mois n'étant réservés à personne, l'équipe entière s'est déplacée dans le sud de la Chine avec ses thèmes préférés en bandoulière : les villes icones et le rapport ville campagne.

Plusieurs messages sont en attentes (et serons publiés une fois les contingences techniques surmontées) :
- Non, Hong Kong n'est pas un gorille géant mais une ville bien trop pratique, un résumé urbain à ciel ouvert, une "ville chinoise pour les nuls" où toutes les données de la croissance asiatiques s'associent à la conduite à gauche et au thé de 17h
- Oui, développé 20 ans avant Shanghai, Hong Kong a bel et bien été un modèle
- Non Hong Kong n'est pas si dense, il y a d'ailleurs de très belles plages.
- Oui, Canton est une ville très vilaine, la ville chinoise générique sans patrimoine et sans site qui n'oublie pas cependant la composante potagère déjà évoquée à Shanghai
- Oui, le Yunnan ressemble bien à la Drôme provençale (et un peu au Jura en remontant vers le Tibet)
- Non, la Chine du sud, avec sa jungle et sa minorité thaï, n'est pas bien desservie, même s’il y pousse beaucoup d’Hévéa, enfin
- Oui, 12 heures de bus pour revenir à son point de départ, c'est un peu trop long.
A suivre donc.

mardi 19 mai 2009

La goutte...

...de trop. C'est la goutte d'hévéa qui fait déborder le bol à caoutchouc.
Xishuanbanna nananannananan.
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lundi 18 mai 2009

L'accident

Excursion dans les profondeurs de la jungle chinoise. La destination prévue se trouve à 8 heures de bus.
La route ondule longuement et traverse les collines de thé, d'hévéa, de riz et de bananiers, nous procurant au passage de grandes leçons d'altérités. La Chine est un pays où se juxtaposent les réalités et les identités ; les voyageurs qui nous accompagnent ce jour là ne supportent pas le bus. Dès la première manœuvre, à l'intérieur même de la gare routière, ce sont plusieurs déjeuners qui rejoignent autant de sacs plastiques en une symphonie de hauts le cœur et de raclements de gorges. A chaque instant les sacs pleins, les bouteilles vides et les emballages souillés sont évacués par les fenêtres du car qui s'enfoncent de plus en plus profondément dans la jungle.
A mi-chemin, le cortège pollueur s'arrête.
Devant nous, un camion a éraflé un autobus. Un peu de verre cassé, une carrosserie rayée. Dans un pays sans assurance et sans responsabilités l'affaire est grave. Il faut attendre la police et les deux véhicules restent en place bloquant la route.
Nous attendons donc la police. Une, puis deux, puis trois, puis quatre puis cinq heures. Des deux côtés les véhicules s'agglutinent. La foule grandit. Bientôt 200 personnes jouent aux cartes et pique-niquent sur la chaussée en une joyeuse oisiveté improvisée.
Deux policiers arrivent enfin, prennent deux mesures et une photo, rédigent un PV et s'en vont.
Nous repartons aussi mais dans l'autre sens. La destination est oubliée.
Sur le chemin du retour nous écrasons nos déchets abandonnés et traversont quelques villages vite bâtis.
Shanghai nous revoila.

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