jeudi 20 mai 2010

Expo 3 : la ville "ready made"

Troublante sensation en traversant l'expo universelle de Shanghai. L'évènement de tous les records a bien mérité ce nouveau superlatif : voici l'exposition la plus pragmatique de tous les temps.
Pragmatique parce que le vaste territoire de l'expo universelle a été équipé et aménagé en parfaite continuité du tissu urbain et du système de voirie environnant. Un double grillage barbelé et électrifié ceinture les deux sites, de part et d’autre du fleuve, mais une fois les grilles franchies le visiteur peut être troublé par la similarité de l’espace urbain qui lui est proposé.
Bien sûr, les organisateurs de toutes les récentes expositions universelles avaient pour ambition de réaliser un aménagement durable et réutilisable dans un contexte post-expo. Mais à traverser à grand peine les mêmes avenues colossales de largeur (très bientôt ouvertes au flux de circulation automobile), à se perdre dans des espaces piétonnisés sans orientation, matière ou traitement singulier, à ne constater qu’encore et toujours dans l’espace chinois l’aménité offerte au piéton (un banc, un peu d’ombre…) a pour corollaire la vision panoptique et le contrôle, on se prend à rêver à ce que l’expo n’est pas.
En 1992 à Séville, un impressionnant et vaste réseau de brumisateurs avait été imaginé. Et qu’importe si aujourd’hui cette innovation n’est plus qu’une nappe métallique rouillée au milieu d’une friche urbaine. Pendant quelques mois c’est un espace public humide, odorant et sensible qui accueillit le monde entier.
Ici à Shanghai, la « Better City » se confond en une nappe de pavé de ciments colorés, d’avenues goudronnées à pertes de vue (les feux de signalisation sont mêmes déjà installés) et autant de pelouses interdites aux piétons. L’espace public chinois reste à inventer.