mardi 18 août 2009

Paris au mois d’août

Ca pourrait être une chanson et elle serait d’ailleurs de Charles Aznavour.
Paris au mois d’août c’est maintenant et c’est pour nous l’occasion de redécouvrir notre ville avec des yeux tout neufs.
Roissy est au milieu des champs (on peut sentir les foins depuis la passerelle de l’avion), Paris est un village peuplé de gens étranges, la Seine est indolente et répand une odeur exquise de feuilles mouillées, les grandes avenues sont vides et magnifiques et jamais espace urbain nous a paru autant saturé d’histoire. Les pierres blanches des façades chauffent au soleil.
Nous quittons une maquette géante pour entrer dans un espace de textures.

Voilà, nous sommes de retour et pourrons maintenant raconter de vive voix nos découvertes à tous les curieux.
Une exposition va suivre dans quelques temps (un superbe film promotionnel est visible à cette adresse : Shangwhy 2) et l’aventure continue encore un peu. Ce dernier post n’est donc pas complètement la fin du blog.

Merci à tous et à très bientôt.
Emilie, Rémi et Gaston.


lundi 17 août 2009

Shangh… adieu

L’avion décolle, on ferme les yeux et c’est encore Shanghai qui défile.
Ce n’est pas un Shanghadieu mais un simple Shanghaurevoir. Aperçu des derniers instants.



dimanche 16 août 2009

Jijiang Park, the beginning

Shangwhy dernier jour. Bien sûr nous reviendrons, bien sur nous avons une expo à préparer et même encore des choses qui nous attendent à Paris (des parents, des amis, des employeurs) mais quand même là tout de suite, nos cœurs sont bien gros.
Il nous faudrait un endroit surprenant, avec de belles vues vers la ville et un endroit signifiant et pertinant à l’échelle de l’urbanité en fusion que nous avons pris tant de plaisir à raconter et à chroniquer. Un lieu s’impose le Jijiang Amusement Park.
Ouvert en 1984, ce parc aujourd’hui vieillot et délicieusement kitch attire la foule des grands jours en ce dimanche d’été. La grande roue a l’air de tenir, nous montons et de là-haut tout devient très clair.
Le parc a 25 ans et date d’une époque où la ville de Shanghai était très différente : pas de métro, pas d’autoroutes, un Bund pourrissant et en l’état, le plus haut bâtiment de la ville faisait 84 mètres pour 22 étages et les logements se répartissaient à parts égales entre les nappes de lilongs et les barres collectives de l’après guerre.
Et si ce parc constituait un signal, le point de départ du renouveau et de la transformation ?
L’exemple le plus célèbre est sans doute celui de Coney Island, île naturelle à l’entrée du port de New York où a été inventé le parc d’attraction.
Dans son fondateur "New York délire", Rem Koolhaas expliquait en 1978 :
« A la charnière du XIXe et du XXe siècle, Coney Island est l’incubateur de la thématique et de la mythologie encore balbutiantes de Manhattan. Les stratégies et les mécanismes qui vont par la suite contribuer à façonner Manhattan sont d’abord testés dans le laboratoire de Coney Island avant de faire le saut définitif vers la grande île.
Coney Island est un Manhattan embryonnaire. »


Jijiang Park est-il l’embryon du délire urbain shanghaien ? D’échangeurs montagnes russes en architectures vertigineuses, d’urbanisme de maison hantée en centre commerciaux "fairy wheel", la ville toute entière semble tenir ici entre les kiosques à bonbons et la fausse tour Eiffel dorée.
Dans cette hypothèse Shanghai est une ville à thèmes, un parc urbain amusant et effrayant à la fois.
Pourquoi pas ?




samedi 15 août 2009

Cité Bourgogne - les lilongs de Shanghaï

Shanghai est à beaucoup de points de vue une ville champignon, une cité presque née en une nuit à l’image de Chicago où des villes de l’ouest américain. Plus de 15 millions d’habitants vivent et travaillent dans une ville dont l’histoire n’a pas plus de 150 ans.
Le revers de cette croissance urbaine rapide est une crise du logement ininterrompue qui a imposé et impose encore rapidité d’exécution, adaptabilité et une part d’invention.
Ainsi en est-il de l’habitat populaire typiquement Shanghaien constitué entre les années 1860 et 1939 : les lilongs.
Françoise Ged, les caractérisent dans son « Shanghai, portrait de ville ». Ces "lotissements spéculatifs", "outil essentiel de la constitution des tissus urbains […] présentent à Shanghai l’originalité de s’être généralisé à l’ensemble de la ville".
"Le modèle, s’il faut en chercher un, est rural. Les villages des provinces voisines recèlent de telles enceintes percées de rares portes aux auvents sculptés, donnant sur les champs, vastes ensembles emboîtés entièrement tournés vers les vides internes […]. Le principe se retrouve donc dans les lilongs de Shanghai, avec cette adaptation formelle : l’extérieur du lotissement est bordé de commerces sur rue […]. Les façades sur rue, en front bâti continu, ne présentent que quelques accès ponctuels […]. Le lotissement se compose de maisons mitoyennes disposées en rangées parallèles et desservis par un réseau de ruelles hiérarchisées d’une largeur de 2 à 4 mètres […]."
"Le terme lilong évoque à la fois la ruelle long et une unité de voisinage li […]. En shanghaien, le lilong s’appelle longtang et comporte des sous-espèces : le shikumen, de style ancien, remplacé au début des années 1910 par le lilong de type nouveau et suivi par les lotissements paysagers appelés bieshu ou xincun"
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Espaces hybrides, mariage réussi de la maison à cour traditionnelle chinoise et de l’habitat ouvrier nord-européen du début du XXème siècle, les lilongs ont connus des fortunes diverses. Détruits massivement, oubliés, richement réhabilités et boboifiés à la chinoise et même parfois intelligemment classés.
Ainsi en est-il du "Bourgogne Bugaoli", construit en 1930 au numéro 387 de la Shaanxi South Road.
La "Cité Bourgogne" est belle en cette fin d’été et le départ semble soudain très proche.



Nanjing road la nuit

Deux heures du matin sur Nanjing Road. Tous les bancs sont occupés et la rue est devenue un dortoir. Des ombres sont assoupies sous les arbres.
Des vendeurs à la sauvette appellent les passants sortis des bars au compte-goutte. "Lady massage ! Marijuana !" Ici, tous les vices sont à vendre.

vendredi 14 août 2009

Oriental Pearl Tower - La Maison des Boules

Notre fils Gaston l’appelle la "Maison de boules" mais ce n’est pas son vrai nom.
L’Oriental Pearl Tower construite en 1995 a été pendant quelques temps, avec ses 468 mètres de haut, la plus haute tour d’Asie.
Plusieurs fois détrônée depuis, presque vieille déjà (pour les chiens chaque année en vaut 7 mais pour les tours c’est encore plus : une tour de 14 ans est une très très vieille tour) elle végète doucement et assure toujours une rente aux vendeurs de porte-clés.
Le point de vue manquait à notre collection et, comme les alpinistes aux Tibet à la conquête de tous les 8000, nous ne voulions pas quitter Shanghai sans la gravir.
La foule est ici très chinoise et très enthousiaste. Tout le monde se photographie, nous photographie, achète son porte-clés, mange sa glace et redescend bien vite.
La tour ne désemplit pas car tout le monde vient ici pour la nouvelle attraction. Depuis quelques mois (mai 2009) un plancher de verre annulaire habille la tour comme un collier.
Les pieds dans le vide, on regarde la structure de béton, on pense fugacement à la Fernsehturm de Berlin et on frissonne un peu.
Elle est funky cette maison des boules.



jeudi 13 août 2009

La disparition : Zhoupu American Town

Officiellement Zhoupu fait partie des villes satellites de Shanghai retenues dans le schéma des "Nine cities, one town".
Pour être plus précis, elle en fait parfois partie et parfois non. Sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres les informations ne sont jamais très claires.
On résume. Au début des années 2000, plusieurs projets immobiliers sont rassemblés dans le double objectif de densifier et de culturaliser la banlieue de Shanghai. Le projet consiste à déplacer un million d’habitants du centre de la ville pour permettre la poursuite des opérations urbaines : une toute bête opération tiroir mais à grande échelle. C’est le "One City, Nine Towns".
Songjiang, la ville anglaise et Anting, la ville allemande, sont les premières sorties de terre ; les autres cités prennent du retard. Nos recherches nous ont ainsi fait comprendre que certains des autres noms de la liste étaient ainsi à l’état de projet : projet de papier ou même parfois de simples intentions.
Ainsi en est-il de Zhoupu où nous sommes allés ce jour.
Sur le site de la ville de Shanghai, la ville est bien listée (c.f. ici).
Ici, elle ne l’est plus.
Ici, elle l’est encore mais elle n’est plus dans l’indispensable Shanghai Transforming.
Parfois Zhoupu est décrite comme une ville nouvelle américaine, parfois euro-américaine, parfois en éco-cité.
Pour démêler le vrai du faux nous sommes partis à Zhoupu pour enquêter.
Premier arrêt dans un bureau de promotion (pour un "compound" très luxueux et très terrifiant). Zhoupu, american town ? Jamais entendu parler.
Suivi par d’autres promoteurs dans la rue (c’est un peu le far-east ici), il apparaît qu’un lieu dans Zhoupu pourrait s’apparenter à une ville américaine. Nous y allons mais ce n’est pas là.
Autres passants interrogés, autres déplacements, la conclusion tombe avant la nuit.
Il n’y a pas de ville américaine à Zhoupu.
Ou alors, tout compte fait, la ville entière pourrait être une déclinaison de de Détroit ou des quartiers pauvres de Philadelphie. En clignant bien les yeux à côté du KFC on y croit presque. C’est charmant.



mercredi 12 août 2009

Shanghai Confluence – Wusong Battery Wetland Forest Park

Shanghai confluence. L’aventure de ce jour aurait pu s’appeler ainsi sans notre étrange découverte. Au départ, l’envie d’aller physiquement vérifier à quoi ressemblait l’embouchure du Huangpu, à l’endroit même où il se jette dans le Yangtsé, nous a guidé jusqu’au port de Wusong. Le lieu accueille un terminal de bateaux pour l’île de Chongming (et pour la ville de Nanjing), une étonnante collections de bâtiments anonymes (d’usage maritime a priori) et autant de barges flottantes dédiées aux fonctions les plus divers : bureaux, restaurants, logements.
Presque caché, le fleuve est pourtant là : énorme et démesuré, couvert de péniches et hérissés de grues. La masse d’eau et la platitude extrême du territoire empêchent toute lecture du paysage de la confluence. Longeant la berge, c’est presque par accident que nous entrons dans un parc. Un parc tout neuf aménagé sur des friches industrielles et l’un des plus fin qu’il nous ait été donné de voir à Shanghai.
Hautes herbes, mares ou marécages, pontons, sentiers, bosquets ou fontaine, c’est toutes les modalités possibles d’une rencontre de la terre et de l’eau qui semblent déclinées ici.
Du renouvellement urbain et beaucoup de justesse dans la lecture du territoire : la surprise est heureuse.





La ville à 100 m

Pourquoi toutes les tours de Shanghai ont-elles la même taille ?
Presque la totalité des logements construits après 1990 comptent de 25 à 30 étages pour une hauteur de 100 mètres environs. Règlement, sécurité, économie globale du projet, objectif de densité, confort des occupants…
Un urbaniste (n’était-ce pas Yves Lion ?), disait qu’il y a une limite presque naturelle à la tour de logements de 100 mètres puisque c’est la hauteur à partir de laquelle on ne peut pas ouvrir les fenêtres. Nous contemplons ce skyline quotidien en nous demandant s’il s’agit de l’explication.
Paris est scotché à 25 mètres, Shanghai à 100 mètres. L’effet visuel d’un grand plafond de verre couvrant la ville est presque le même.

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mardi 11 août 2009

Wet Market

Jour de pluie au wet market : une population, un territoire et un urbanisme. Le signe chinois pour « population » est formé de deux caractères. Le premier est un homme debout et le second est une bouche ouverte : 人口.
Tout se joue presque ici.

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lundi 10 août 2009

Suzhou Factory / Shanghai Business

Déplacement collectif à Suzhou et exercice appliqué d’économie autour de l’installation d’un centre de production d’une entreprise française (ou plutôt franco-américaine) en Chine. L’entreprise s’appelle Itron et produit des compteurs. Dans le cas présent des compteurs d’eau. Le montage d’un centre de production local vise directement le marché chinois. Visite.
2000 m² d’atelier et 500 m² de bureaux, le site est minuscule à l’échelle du tissu industriel de Suzhou.
Dans le bassin du Yangtsé, l’heure est à l’intégration. Les villes moyennes (5 à 6 millions d’habitants chacune) de Suzhou, Hangzhou, Ningbo, Nanjing ou Wuxi font figurent de satellites industriels et Shanghai de centre de décision en concentrant les services ou la finance.
D’activités de production, Shanghai entend ne conserver que la sidérurgie, l’aéronautique ou la construction automobile. Les manufactures sont reléguées à ses portes.
En trente ans, Suzhou la ville des canaux a du coup bien changé.



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