samedi 22 mai 2010

Dongtan, l'impossibilité d'une île écologique

Lu sur le site Internet de terraeco.net, article daté du 15 juillet 2009 : "Dongtan, district de l’ile de Chongming, près de Shanghai, avait été pensé par le cabinet d’ingénieurs britannique Arup pour devenir une ville écologique modèle : les véhicules auraient roulé à l’électricité, les habitants se seraient nourris aux légumes bio, chaque bâtiment aurait consommé 70% d’énergie en moins que les tours du centre ville. En 2010, 25 000 "Dongtanais" auraient dû être les heureux locataires de bâtiments éco-conçus, et 500 000 en 2040. Sauf qu’entre la remise de copie par le cabinet Arup et la 1ère phase des travaux planifiée, le client Shanghai Industrial Investment Company, n’a plus fait parler de lui. Pour expliquer ce coup d’arrêt, un lien est souvent établi avec la condamnation à 18 ans de prison pour corruption de Chen Liangyu, l’ancien numéro 1 du parti communiste de Shanghai, partisan du projet."

Ville écologique mythique placée à l'extrémité de l'île alluvionnaire de Chongming, à l'embouchure du Delta du Yangtsé, le projet ambitieux et prophétique ("Ah quand la Chine s'orientera vers un développement durable") n'est donc plus qu'une coquille vide.
Un nouveau pont maritime tout neuf reliant l'île au continent depuis quelques semaines nous a permis d'assouvir notre envie de voir par nous même ce lieu tant raconté.
Retour vers l'île de Chongming, sa géographie extra plate et sa grande régularité d'organisation : digue, canal, route, champ, route, canal, champ, route, canal, champ... et ce dans les deux sens. Nous redécouvrons émerveillés les mêmes côtes marécageuse plantées de roseaux ou la mer est inaccessible, les hameaux aux maisons faîtes au moule et ces les lieux de villégiatures pour shanghaiens en excursion (un forêt accessible par des tourniquets... comme dans le métro) qui font de cette île un résumé localisé du terroir shanghaien.
Visite donc, par le pont tout neuf, de la pointe est de l'île. Notre carte nous avait promis une réserve ornithologique et la réserve est bien là : un bâtiment tout neuf surdimensionné, un staff pléthorique de jeunes ornithologues anglophones, un parking à autobus et des bateaux à moteurs (électrique) pour circuler sur l'entrelacs des canaux qui constitue la réserve. On nous promet des crocodiles chinois et des oiseaux rares mais il pleut et les animaux se cachent. Un groupe de visiteurs arrive et organise une chenille endiablée sous la pluie. Ils rient et s'applaudissent devant le bâtiment d'entrée.
Des éoliennes nous surveillent gravement. Son-elles seulement reliées à un quelconque réseau centralisé d'électricité.


Bruce Bégout rappellait dans son excellent livre "le PARK" que les utopies naissent presque toujours sur les îles... elles y meurent parfois aussi.





PS / Interrogé sur l'après Dongtan dans le même article, Nicolas Samsoen de l'Arep indique : "L’ambition affichée de la Chine d’être à la pointe du développement urbain durable à travers des projets pilotes ne doit pas faire oublier que le plus grand enjeu est la ville existante. C’est, comme on le dit habituellement, la reconstruction de la ville sur la ville. L’idéal est donc d’arriver à transformer nos villes pour les rendre écolos. Je pense qu’on y arrivera. Pour revenir à Dongtan, je pense que le projet était maximaliste sur le plan des technologies de l’environnement, mais cela ne veut pas dire qu’il répondait à tous les critères de la ville durable. Il était intéressant en tant que tel, et d’autres vont apparaitre."
Affaire à suivre donc.

vendredi 21 mai 2010

Shanghai Print

« Et faire imprimer notre livre en Chine, y avez vous songé ? » nous demandait-on tantôt.
Mais bien sûr et voici même quelques images de l'imprimerie que nous avons visité à cet effet. L'affaire ne s'est pas faîte mais nous avons pu constater que c’était une bonne maison.
La preuve, elle imprime tous les livres de l'agence française de ... chut !


jeudi 20 mai 2010

Expo 3 : la ville "ready made"

Troublante sensation en traversant l'expo universelle de Shanghai. L'évènement de tous les records a bien mérité ce nouveau superlatif : voici l'exposition la plus pragmatique de tous les temps.
Pragmatique parce que le vaste territoire de l'expo universelle a été équipé et aménagé en parfaite continuité du tissu urbain et du système de voirie environnant. Un double grillage barbelé et électrifié ceinture les deux sites, de part et d’autre du fleuve, mais une fois les grilles franchies le visiteur peut être troublé par la similarité de l’espace urbain qui lui est proposé.
Bien sûr, les organisateurs de toutes les récentes expositions universelles avaient pour ambition de réaliser un aménagement durable et réutilisable dans un contexte post-expo. Mais à traverser à grand peine les mêmes avenues colossales de largeur (très bientôt ouvertes au flux de circulation automobile), à se perdre dans des espaces piétonnisés sans orientation, matière ou traitement singulier, à ne constater qu’encore et toujours dans l’espace chinois l’aménité offerte au piéton (un banc, un peu d’ombre…) a pour corollaire la vision panoptique et le contrôle, on se prend à rêver à ce que l’expo n’est pas.
En 1992 à Séville, un impressionnant et vaste réseau de brumisateurs avait été imaginé. Et qu’importe si aujourd’hui cette innovation n’est plus qu’une nappe métallique rouillée au milieu d’une friche urbaine. Pendant quelques mois c’est un espace public humide, odorant et sensible qui accueillit le monde entier.
Ici à Shanghai, la « Better City » se confond en une nappe de pavé de ciments colorés, d’avenues goudronnées à pertes de vue (les feux de signalisation sont mêmes déjà installés) et autant de pelouses interdites aux piétons. L’espace public chinois reste à inventer.



Expo 2 : 70 millions de visiteurs...

Ce chiffre correspond à l'objectif que se sont fixé les organisateurs et permettra à l'Expo de Shanghai de dépasser l'affluence de l'exposition d'Osaka en 1970 (64 millions de visiteurs tout de même / 42 millions à Séville en 1992).
Il est prévu une proportion de 95% de visiteurs chinois.
Dans les transports en commun de la ville (métros et bus) l'affluence est affichée en temps réel ainsi que le nombre cumulé de visiteurs : de 200.000 les jours creux à plus de 400.000 les "peak days".
Les mauvaises langues et les inquiets affirment que pour le moment l'affluence est plus faible que prévue. La municipalité de Shanghai a par exemple distribué plusieurs centaines de milliers de tickets d'entrée mais... moins de la moitié ont effectivement été utilisés.
Les grands moyens seront vraisemblablement mis en marche : un billet gratuit (avec 20 euros de subvention transport) par foyer Shanghaien offert par la municipalité, visite obligatoire pour tous les cadres du parti à l'échelle du pays (l'exposition est aussi un lieu de formation) et déplacement organisé en groupe venus de toutes les provinces.
Le résultat est surprenant. Une foule dense, docile et amusée. De rares professionnels sanglés dans leurs costumes sombres croisent la masse des touristes bariolés : des chinois policés et blasés des classes moyennes de Shanghai et des groupes organisés de ruraux éberlués. Apprentissage de la ville et apprentissage du monde.
Ici l'amicale des pompiers de Chengdu s'émerveille devant les reproductions de la Tour Eiffel à l'intérieur du pavillon français, là-bas une famille Shanghaienne se prend en photo devant la vraie petite sirène déplacée de Copenhague pour l'occasion, plus loin de jeunes ruraux déjeunent à même le sol.

Tous semblent être-là pour les mêmes choses : visiter le pavillon chinois (rendu presqu'inaccessible par la foule) et découvrir le monde ; en 5 à 10 minutes par pays. Devant le pavillon de la ville de Madrid des danseurs effectuent une chorégraphie footballistique plutôt ridicule.
Une expérience urbaine à la Tony Montana : "The world is mine".



Expo 1 : et si tout se passait en fait dehors ?




Expo jour 1 :
Une entrée presque anonyme du côté de Puxi (le petit côté de l'Exposition universelle) : barrières, tickets, fouille.
Une double clôture électrifiée sépare le dedans du dehors et quand enfin on accède au dedans de l'expo on alors l'impression d'être encore dans le dehors...
Mêmes sols, mêmes mobiliers, mêmes bus et mêmes policiers.
La foule n'est pas complètement celle de Shanghai et les premiers bâtiments aperçus sont certes particuliers mais l'impression demeure.
On nous avait conseillé ce côté car plus professionel. Ici ce ne sont pas des pays qui jouent à "Better city, better life" mais directement des villes ou des régions urbaines. Rhônes-Alpes fait face à Hamburg et Madrid à Seoul. Nous entrons dans une halle et un visage familier (mais en cire) nous attend. La ville de Prague s'est déplacée avec la statue d'un "famous writer". Franz Kafka, parrain bien involontaire vous souhaite la bienvenue à l'Exposition Universelle.

mercredi 19 mai 2010

Shanghai Dead City





Une journée entière dans une ville (presque) calme. Il n'y a plus à Shanghai ni chantier, ni poussières. Les chaussées ne sont plus éventrées et la population des ouvriers itinérants ne dort plus à même le sol en pleine rue pendant ses courtes pauses. Le chantier du Bund est terminé (une voie rapide a été enterrée sous le principal espace public de Shanghai qui a été fermé plus de 6 mois) sans que le lieu soit véritablement transformé.
Shanghai Dead City parce qu'ici tout est achevé et que rien n'est complétement différent.
Shanghai ville morte ? Pas sûr mais assoupie sûrement.

mardi 18 mai 2010

"Brillant City Nights"




Nous étions venus visiter, il y a déjà quelques mois, cette "Brilliant City" oeuvre de la firme Ecadi de 1999 et ci-devant plus grande copropriété du monde avec ses 10.000 logements. Ensemble colossal, qu'il est difficile d'embrasser d'un seul regard(savoir que l'ensemble représente 3 fois la Grande Borne d'Emile Aillaud à Grigny ou l'équivalent d'une trentaine de Cité Radieuse n'avance d'ailleurs pas beaucoup).
Cette fois-ci nous y passons la soirée et nous y dormirons (mal d'ailleurs).
C'est grand, c'est pas très beau mais au pied des grandes tours il y a une jolie foule et plein de danseurs.

Shangharriving 2




17 mai 2010 : Paris Shanghai via Amsterdam. 8 mois plus tard nous voici de retour dans la grande ville laboratoire.
Nous l'avions abandonnée à quelques mois de l'évènement tant attendu, frémissante de pluie, vrombissante de bruit et toute couverte de l'épaisse poussière soulevée par les innombrables chantiers qui la couvraient. Partis avant la fête nous revenons deux semaines après la grande inauguration pour poursuivre, mais cette fois très vite, nos interrogations urbaines.
A quoi ressemble la trop fameuse expo ? Les plantes du Pavillon Français vont-elles survivre ? Que devient la ville quand la campagne disparaît ?

Derrière la vitre du Maglev défile très vite un territoire bien connu. Les mêmes canaux organisent les mêmes hameaux et les mêmes urbanités sectorisées se succèdent : campagne, petites industries, grands ensembles, autoroute, canal, campagne, petites industries, ...
Le mur du Maglev est toujours là, un taxi nous avale. Nous arrivons en ville.
Encore une fois.

lundi 17 mai 2010

Le Centre Pompidou accueille SHANGWHY



Depuis le 04 mai dernier, le centre Georges Pompidou de Paris expose une partie du travail réalisé autour de ce blog.
Nos photographies et notre lecture du projet "One City, Nine towns" sont projetés à l'intérieur d'une grande exposition qui s'achèvera le 9 août.
Le sous-titre de l'Exposition, "des parcs d'attractions aux cités du futur" est un bon résumé de l'urbanité Shanghaienne en fusion que nous avons tenté de saisir ici.

J'extrais cette citation de J.G. Ballard (né à Shanghai en 1930) du catalogue de l'exposition :
"Je suis d'une génération pour laquelle la métropole est synonyme de rayonnement culturel (Londres, Paris, New York), puis économique (Londres, New York) ; désormais elle devient parc à thème (Las Vegas, Dubaï), camp de vie massif (les villes chinoises) ou aberration architecturale et fourre-tout social (Tokyo)".
Plutôt pertinent !

Since the 4th of May, The "Centre Georges Pompidou" in Paris exposes part of our work related to Shanghai and this blog.
Our materials (photos and texts) can be seen there. Especially the part related to the "One City, Nine Towns" project.
The exhibition will end on the 9th of August.
The subtitles of the exhibition, "from luna parcs to cities of the future" , is a great resume of the specific urbanity of Shanghai that we tried to understand here.
I quote this citation of J. G. Ballard (author born in Shanghai in 1930) from the book of the exhibition :

"I am of a generation for whom the big city meant a centre of cultural influence (London, Paris, New York) or economic power (London, New York); now it has become a theme park (Las Vegas, Dubai), a vast camp (the cities of China) or an architectural aberration and utter social hotchpotch (Tokyo)"
Quite relevant !