A l'instar des grandes métropoles mondiales, la ville de Shanghai se situe au centre d'une région historiquement agricole et fertile. A l'embouchure du Yangtze, le substrat de la ville est constitué d'une accumulation de sédiments et d'alluvions charriés par le fleuve ; sol fertile mais mou et gorgé d'eau. L'épaisseur en question peut atteindre 300 mètres de couches géologiques par endroits. De part et d'autres de la Huangpu River (patiente une cartographie synthétique est en préparation), la gestion hydrologique a généré la trame urbaine (que les rues aient complétement remplacé les canaux comme à Puxi où que coexistent encore les deux systèmes comme à Pudong).
L'île de Chongming, dans l'embouchure même du Yangtze, correspond peut-être à un état antérieur du territoire, un système hydrologique organisé mais encore exempt d'urbanisation : une île jardin.
Portrait :
- plus grande île alluvionnaire du monde (troisième île chinoise par la taille)
- 1000 km² soit un cinquième de la surface de Shanghai
- 80 km de long pour 15 de large à 30 km de l'hypercentre.
Selon l'excellent "Shanghai transforming" de Iker Gill, la production de denrées alimentaires était et demeure la principale fonction de l'île de Chongming.
L'équipe se fond au milieu des voyageurs d'un ferry profitant week-end pour se réapprovisionner dans le grenier de Shanghai.
L'île de Chongming n'est cependant pas un lieu oublié.
Dans la perspective du prochain raccordement de l'île au continent (deux méga ponts autoroutiers sont en projet), l'agence américaine SOM a été désignée lauréat d'un concours visant à l'aménagement global de l'île. Ce plan d'ensemble (relativement fin et cohérent) doit permettre de concilier une urbanisation modérée avec l'agriculture existante tout en développant le tourisme. Dongtan, la ville écologique chinoise en projet, se situe sur la partie Est de l'île.
Venir ici donne également l'occasion d'appréhender l'acception chinoise de l'environnement. Choses vues concernant ce sujet de fond (qui fera l'objet d'un prochain post) :
- l'auto-proclamé village écologique de Qianwei où des paysans en carton pâte traient à l'ancienne des chèvres en résine dans des huttes de paille reconstituant un village
- le parc forestier de Dongping, accessible via un portillon d'accès (comme le métro), où les arbres sont tous alignés et où des roches en plastiques camouflent des haut-parleurs diffusant de la musique
- le "National Geopark", et son parcours santé, où des pontons en bois flottent au-dessus des roseaux et permettent (après achat d'une licence) de pêcher, à l'aide d'une grenouille vivante retenue par un fil, de petits crabes d'eau douce.
- les affiches encourageant le développement des "éco-brands".
L'environnement kitch et touristique, sécuritaire et contrôlé, utilisaire et mercantile. La campagne chinoise peut-elle s'inventer un autre avenir ? A suivre...
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