jeudi 30 avril 2009

Shangh... dam, architour à Qingpu

Au sud-ouest de Shanghai, baignée par le Dianshan Lake, bienvenue dans la conurbation de Qingpu. Groupement de communes datant de 1999, ce district étendu (675 km²), se singularise à l'intérieur de l'espace sub-urbain de l'agglomération. Dans une stratégie assez habituelle en Europe mais plus nouvelle en Chine, les autorités locales utilisent depuis plusieurs années la création architecturale comme une carte de visite et un vecteur de communication. Qingpu invite donc des architectes étrangers à construire (Jacques Ferrier a ainsi conçu un lycée) et constitue au long cours une collection d'architecture haut de gamme.
Prouvant ainsi que tout existe en Chine et que l'urbanisation en cours procède par superposition des réalités, voici donc Shanghdam, une enclave SUPERDUTCH et branchée qui se visite et s'expose.
Les bâtiments icones sont accompagnés d'opérations de logements d'échelles moyennes et d'un soucis plus grand dans la définition des espaces publiques. Le résultat correspond par moment à un urbanisme "à l'européenne", presque troublant pour qui connaît l'urbanisme des ZAC à la française.
Dans le plan programme de Shanghai pour la période 1999/2020, le développement multipolaire prévu suit le slogan : "One City, Nine Towns". Ce qui se traduit par un "Theme Park suburbia" (pour paraphraser URBANATOMY 2009) où se succèdent des villes thématiques. Nous avions déjà vu la ville anglaise, voici la ville archi : autre style mais même réalité.




"Qingpu, le labo" un article de Libérationhttp://next.liberation.fr/article/qingpu-le-labo

mercredi 29 avril 2009

Zhu Jia Jiao, chine urbaine fantasmée

Zhu Jia Jiao est un des derniers exemples de l'urbanité traditionnelle des villes et villages du delta du Yangtze. Suffisament proche de Shanghai, le souffle de la grande ville y parvient encore. Tout juste après Qingpu, à 2h de bus, quelques canaux et une poignée de ruelles sont protégées par des barrières et des tourniquets. Les barrières sont aujourd'hui ouverte mais l'été l'entrée de la ville est payante. Il s'agit donc d'un parc, avec ses attractions (le tour en barque et le lacher de tortues), ses restaurants, ses marchands de souvenirs. Un grand pont enjambe la rivière mais tout paraît ici bien neuf. On s'éloigne des rues bondées, les chinoiseries architecturales se font moins nombreuses puis disparaissent. On revient vers le centre et le pont paraît vraiment son âge.
Cet aller/retour achève de nous convaincre : impossible de séparer ici le vrai du faux. Tout juste est-il possible de voir et comprendre une structure qui elle n'a pas changée : la délicatesse d'une ville d'eau à petite échelle qui mérite bine d'être sauvegardée. Avec ou sans barrières.


mardi 28 avril 2009

Expo 2010... côté ciel

Le Lupu Bridge, construit en 2003, est l’un des derniers des 6 ponts de Shanghai. Entièrement métallique, c’est le plus grand pont à arche du monde (550m de portée pour 50m de hauteur tout de même) et il permet à l'autoroute surélévée nord/sud de franchir le Huangpu à une hauteur vertigineuse. C’est également un lieu privilégié, et accessible, permettant de surplomber le futur site de l’exposition universelle (le pont et le deuxième périphérique passe en viaduc au-dessus du site).
Nouvelle visite du pavillon français et du site mais du ciel et par temps clair.

Vue Sud


Vue nord

lundi 27 avril 2009

Expo 2010... côté cour

Il y a deux ans à peine, les deux rives de la Huangpu River située au Sud d'un Lupu Bridge tout neuf (2003) étaient encore dévolues à l'industrie.
La zone est aujourd'hui complétement vidée et un gigantesque chantier a remplacé les entrepôts délabrés. Jour et nuit, le lieu fourmille de l'activités des 20.000 ouvriers présents en permanence. Un compte à rebours géant est installé dans le métro de Shanghai (station People's Square) : 360 jours avant l'ouverture.
Visite du site de l'expo et de la dalle de rez-de-chaussée du futur pavillon français avec Jacques Ferrier et Michel Hoessler de l'agence TER (concepteurs du projet avec le relais local de l'université de Tongji).



Les allemands ont peut-être déjà leur structure en place mais la France cache bien son jeu. Alain Delon inaugurera en personne le pavillon.
En chinois "Delon" est un nom commun signifiant "beau gosse" utilisé parfois par des personnes ne connaissant pas l'acteur. Alors forcément...

Expo 2010... côté jardin

Pudong avec un P comme pépinière.
Dans un enclos reculé du gigantesque Pudong (plus précisément dans le district de Fengyang) se déroule une bien curieuse expérience. L'expo universelle de Shanghai 2010 pousse déjà.
Rencontre avec les amis de l'agence TER pour jeter un oeil discret à la maquette échelle 1 de la future façade végétale du pavillon français. La géométrie imposante et étrange de la structure est déjà bien visible et le "jardin à la française" en trois dimensions assez prometteur.
Au-delà de la clôture le paysage varié et nonchalant d'un Pudong toujours dans l'attente : l'alternance urbaine et rurale et le rythme des canaux.
En deçà de la clôture un savoir faire végétal chinois indéniable : la richesse des plantations et le kitch drôle des structures jardinées (avec une mention spéciale pour l'élan prêt à fleurir).

dimanche 26 avril 2009

Chongming, la possibilité d'une île... agricole

où l'équipe de Shangwhy découvre que la campagne existe bel et bien à Shanghai et que décidément la protection de l'environnement est une valeur culturelle

A l'instar des grandes métropoles mondiales, la ville de Shanghai se situe au centre d'une région historiquement agricole et fertile. A l'embouchure du Yangtze, le substrat de la ville est constitué d'une accumulation de sédiments et d'alluvions charriés par le fleuve ; sol fertile mais mou et gorgé d'eau. L'épaisseur en question peut atteindre 300 mètres de couches géologiques par endroits. De part et d'autres de la Huangpu River (patiente une cartographie synthétique est en préparation), la gestion hydrologique a généré la trame urbaine (que les rues aient complétement remplacé les canaux comme à Puxi où que coexistent encore les deux systèmes comme à Pudong).

L'île de Chongming, dans l'embouchure même du Yangtze, correspond peut-être à un état antérieur du territoire, un système hydrologique organisé mais encore exempt d'urbanisation : une île jardin.

Portrait :
- plus grande île alluvionnaire du monde (troisième île chinoise par la taille)
- 1000 km² soit un cinquième de la surface de Shanghai
- 80 km de long pour 15 de large à 30 km de l'hypercentre.
Selon l'excellent "Shanghai transforming" de Iker Gill, la production de denrées alimentaires était et demeure la principale fonction de l'île de Chongming.
L'équipe se fond au milieu des voyageurs d'un ferry profitant week-end pour se réapprovisionner dans le grenier de Shanghai.

L'île de Chongming n'est cependant pas un lieu oublié.
Dans la perspective du prochain raccordement de l'île au continent (deux méga ponts autoroutiers sont en projet), l'agence américaine SOM a été désignée lauréat d'un concours visant à l'aménagement global de l'île. Ce plan d'ensemble (relativement fin et cohérent) doit permettre de concilier une urbanisation modérée avec l'agriculture existante tout en développant le tourisme. Dongtan, la ville écologique chinoise en projet, se situe sur la partie Est de l'île.
Venir ici donne également l'occasion d'appréhender l'acception chinoise de l'environnement. Choses vues concernant ce sujet de fond (qui fera l'objet d'un prochain post) :
- l'auto-proclamé village écologique de Qianwei où des paysans en carton pâte traient à l'ancienne des chèvres en résine dans des huttes de paille reconstituant un village
- le parc forestier de Dongping, accessible via un portillon d'accès (comme le métro), où les arbres sont tous alignés et où des roches en plastiques camouflent des haut-parleurs diffusant de la musique
- le "National Geopark", et son parcours santé, où des pontons en bois flottent au-dessus des roseaux et permettent (après achat d'une licence) de pêcher, à l'aide d'une grenouille vivante retenue par un fil, de petits crabes d'eau douce.
- les affiches encourageant le développement des "éco-brands".
L'environnement kitch et touristique, sécuritaire et contrôlé, utilisaire et mercantile. La campagne chinoise peut-elle s'inventer un autre avenir ? A suivre...

jeudi 23 avril 2009

Thames Town, Shanghai à l'heure british

Grands ensemble ou petits séparés ?
La cité résidentielle de "Thames Town" est rattachée à la ville nouvelle de Songjian au sud-ouest de Shanghai, au terminus de la ligne 9 et à l'extrémité d'une séquence agricole surprenante. Pendant une vingtaine de kilomètres, le métro surélevé parcourt champs, bassins de pisciculture et pépinières avant d'atteindre la cité sans âme. Pôle universitaire récent de la grande ceinture de Shanghai, la ville accueille les premiers exemples pavillonnaires chinois en autant de lotissements espacés les uns des autres et accessible en voiture. A 5 km du métro, Thames Town.
L'originalité de ce lieu, outre le développement du logement individuel en Chine (surprenant ici mais tellement habituel pour nous), réside dans le caractère british donné à l'ensemble par le cabinet anglais Atkins.
Le lieu est stupéfiant : un décor sans envers, verdoyant et très bien fait, qui caricature, emprunte et parfois même surpasse certains éléments de l'urbanité anglaise (ou allemande, ou européenne; depuis la Chine tout cela est quand même très proche...).
Les promoteurs ont voulu proposer une atmosphère de village anglais. cela ne ressemble pas du tout à cela mais l'expérience Disneyland vaut le détour. Tout y passe : la maison blanche victorienne, le crecent, les mews, les cottages, l'église gothique, les gardes (lotissement privé) en costume, le faux-tramway, les docks de Londres postmodernes, la cabine téléphoniques, boîtes aux lettres, pubs, ... Tout est à la fois parfait et complètement dissonant. La ville est en outre désespérement vide. Des cohortes de jeunes mariés (et leurs photographes) donnent seuls animations et couleurs.

L'excellent "URBANATOMY 2009", nous apprend que "Thames Town" s'inscrit dans le schéma d'un ensemble de cités-satellites devant entourer Shanghai. Ces opérations préparent l'externalisation des logements du centre-ville et seront marqués par des thématiques spécifiques. Sont attendues ou en projet, la cité espagnole, allemande, suédoise, australienne...
L'opération "Une ville et 9 cités", lancée en 2001 est une stratégie d'animation et de structuration de la banlieue. il s'agit, dans son versant culturel, d'un retournement historique paradoxal dans une ville marquée et générée par la colonistaion. Dans un mouvement cette fois consentie, Shanghai demeure une chambre d'écho et une table de mixage de modèles culturels importés.

mardi 21 avril 2009

Dans les pas d'Edward...

... d'Edward Burtynsky bien sûr. Photographe américain dont le travail est décrit dans le très beau et très comtemplatif "Manufactured Landscapes" (Paysages Manufacturés dans la langue de Molière).
Aujourd'hui nous avons trompé un service de sécurité chinois tout entier (quelques gardiens d'immeubles bedonnants et assoupis), joué les acrobates au 25ème étage d'une tour de bureau pour retrouver un point de vue célèbre.
Situation imprenable sur l'échangeur du Nanpu Bridge, construit en un temps record en 1994 avec l'achèvement du Périphérique de Shanghai. Cette infrastructure autoroutière fait figure aujourd'hui de monument involontaire et d'icone de la ville. Les observateurs attentifs pourront distinguer le futur site de l'expo universelle Shanghai 2010 (et le pavillon chinois déjà très avancé).
Du haut de sa tour d'un jour, l'équipe de Shangwhy s'interroge.
Et si l'échangeur de Nanpu Bridge était le premier pavillon de l'expo universelle ?


lundi 20 avril 2009

Grands ensembles ?

"Brilliant City", au nord de la Suzhou Creek, l'un des plus grands complexes résidentiels de la ville de Shanghai. Relativement bien positionné (le long d'une rivière historiquement industrielle mais en voie de gentrification), ce grand ensemble récent fait figure de modèle paradoxal. Conçu en 1999 par le groupe chinois ECADI (http://www.ecadi.com/en/) il constitue une borne dans le processus de résidentialisation à grande échelle : le plus grand des grands ensembles. Glanés ça et là, des critiques sur le mode de vie et le caractère morne de cette zone monofontionnelle font écho. Le projet pourrait être à l'origine de certaines inflections. Au fait, comme traduction de "Brilliant city", Shangwhy propose "Cité radieuse". Alors là, forcément...




dimanche 19 avril 2009

J. G. Ballard et Shanghai

J. G. Ballard est mort aujourd'hui 19 avril 2009.
Wikipédia nous raconte :
"Ballard naît en 1930 à Shanghaï. Son père est PDG de la filiale chinoise d'une grande entreprise de textile de Manchester. Il passe ainsi son enfance dans une vaste maison typique des expatriés jusqu'au conflit sino-japonais. Avec l'invasion de la Chine par le Japon, il est emprisonné en 1942 dans un camp de détention pour civils où il restera jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a décrit cette expérience dans son livre semi-autobiographique Empire du Soleil, qui a été adapté au cinéma par Steven Spielberg."

En 1987, Spielberg est un des premiers cinéastes occidentaux à organiser un tournage de grande ampleur en Chine. La ville n'a pas encore été complètement transformée : Pudong (la rive moderne de la Huangpu River) est encore couvert de champs, le périphérique n'est pas encore bouclé et le métro n'est pas en service. Il trouve et il filme la ville de l'enfance coloniale de Ballard.
Le film est hollywodien certes mais il y a Christian Bale (Batman) dedans (il a douze ans à l'époque) et une reconstitution du Shanghai historique dans sa splendeur (architecturale) et dans sa misère (les expats' ...). Film à revoir

Quelques images in memorandum : extraits du film et clichés plus récents.

Le Bund, 1987 (1942 dans le film) et aujourd'hui.
La Suzhou Creek

Ballard a écrit également beaucoup de romans assez célèbres dont plusieurs semblent dédiés aux architectes : L'île de Béton, Crash, Millenium People.
Un film à voir plus des livres de vacances. Merci Qui ? Merci SHANGWHY !