De Shangharriving 2 |
Plus qu’au jour de sa découverte, c’est à la redécouverte d’une ville que ses traits apparaissent parfois le plus clairement.
S’extraire hagard d’une carlingue à la suite d’un long vol, et expérimenter une lucidité émoussée qui touche à la pleine conscience méditative, c’est s’ouvrir à une gamme de sensations trop souvent refoulées. Entre reconnaissance et découverte, ce moment de flottement peut alors être celui d’une compréhension plus claire ou plus personnelle d’une ville ou d’un pays. Il devient alors possible de vérifier, à la manière d’un Marcel Proust de proximité, que les sensations fixent les souvenirs, les odeurs aussi bien et peut-être mieux que les images, les sons, les goûts ou les sensations tactiles.
Revenir en France après plus de 6 mois me permit ainsi de découvrir que Roissy sentait les chaumes de la campagne du plateau briard et que Paris était une ville de pierres beiges et de toits gris, d’enduits clairs aux nuances subtiles, petite et extrêmement unie. Dans le sens inverse, chaque redécouverte de Shanghai tient du grand bain olfactif. Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’aéroport de Pudong, la sensation prend forme et c’est souvent au-dessus du Huangpu, en filant sur le pont Nanpu vers une quelconque première destination, qu’elle s’exprime pour la première fois :
« Tu reconnais ? Ça sent Shanghai ! »
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