La visite de la friche culturelle 798 de Pékin nous évoque vaguement ce moment historique. Le lieu et l’époque ne sont pas les mêmes et le rapport de force entre le pouvoir et la culture ne s’articule plus de la même façon.
La part la plus visible de l’art contemporain chinois (on devrait ici parler d’artisanat) se consacre activement à caricaturer et à réinterpréter l’esthétique révolutionnaire ou maoïste. Les idéaux socialistes sont détournés, raillés et l’on peut acheter ici, en sirotant son obligatoire latte, aussi bien un garde rouge de résine warholisé qu’un badge maoïste d’époque.
Sur le site, quelques galeries endormies, les restes d’une superbe usine des années 30 où seront bientôt accrochées les œuvres d’une nouvelle biennale et surtout, beaucoup de marchands de souvenirs.
Contre-culture radicale, foyer de contestation ? Le curseur idéologique a bougé et le lieu est beaucoup plus anodin qu’il n’y paraît. En Chine et aujourd’hui, un lieu labellisé de contre-culture light sous contrôle est presque une figure obligatoire du développement urbain (nous avons déjà évoquée les friches culturelles de Shanghaï).
La dégénérescence de l’art n’est plus une insulte jetée aux visages des artistes par un pouvoir effrayé mais un processus interne, acceptée par les créateurs.
Comme le disait Cang Xin, un des artistes à l’initiative de cette zone (à l’époque le squat héroïque d’un lieu destiné à la destruction) :
"Ce que le gouvernement n’a pas réussi par la censure, il est en train de l’obtenir par le commerce. Je ne vois plus beaucoup de contestation autour de moi."








PS/
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