Lu dans le catalogue de l'exposition "Dans la ville chinoise - Regards sur les mutations d'un empire"
"Si les campagnes déversent un nombre toujours croissant de paysans dans les usines ou sur les chantiers des vielles, elles restent à l'écart de l'effervescence des chantiers. Ce repli a pu contribuer à protéger le patrimoine architectural des bourgs et villages les plus éloignés des zones urbaines, et ce qui reste de leur patrimoine culturel. Malgré la pression visuelle et morale des innombrables chaînes de télévision, les vieux villages, partiellement abandonnés par les plus jeunes des habitants, entretiennent malgré la tentation du parpaing, la connaissance des anciennes règles de la construction et dans quelques cas, la mémoire de l'organisation de la cité.
Dans les villes, la recherche des signes du passé devient en revanche une quête impossible. La plupart des grandes cités qui faisaient l'orgueil de la chine, Pékin bien sûr mais plus encore les anciennes capitales comme Xi'an, Luoyang, Kaifeng, ou plus modestes comme Chengdu, Qufu ou Kunming, toutes ces villes sont pratiquement détruites ou ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes, réduites à l'état de pastiche pour accrocher encore les regard des amateurs de cartes postales. Or, dans le même temps, c'est-à-dire au cours des dix à quinze dernières années, une lente prise de conscience, non pas de la valeur historique du cœur ancien des villes mais de leur fécondité touristique, a conduit à fabriquer un univers composite formé pour une part de caricatures du passé (c'est le cas de plusieurs villes consacrées par l'Unesco comme Lijiang) et pour une autre part d'une hyperactivité archéologique qui peut elle aussi laisser perplexe.
C'est en particulier le cas de Xi'an qui, outre le célébrissime empereur Qin Shi Huangdi (259-210 av JC) et son armée de terre cuite, offre mille et un musées dont les vestiges sont aussi incompréhensibles par le public profane que les premiers caractères de l'écriture chinoise. Cela n'empêche pas les cars de tourner. Suivis par une petite cohorte d'étrangers, des millions de chinois se déplacent désormais chaque année pour visiter un passé dont l'essentiel a disparu.
[...]
Mais ce territoire pluriel aux multiples cultures, riche d'un potentiel sans précédent d'intelligence et d'invention, reste sans doute le pays qui porte l'avenir du monde. Mieux vaut apprendre à le connaître."
Frédéric Edelmann
ÇA POURRAIT RESSEMBLER À QUOI UN MONDE DE CULTURISTES ?
Il y a 2 jours
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