Visite en deux fois de la friche culturelle du 50 Moganshan Lu.
A l'origine une usine abandonnée de tissus et de couvertures, la Chunming Textile Mill Compound, qui végète doucement le long de la Suzhou Creek, rivière indolente à la limite Nord de l'hypercentre shanghaien. A l'instar d'un tissu industriel ancien, installé en centre ville aux temps glorieux du développement maoïste, la zone entre en mutation violente au début des années 90 quand Shanghai sort de sa longue léthargie.
Les inévitables compounds poussent par grappes et une petite colonie d'artiste investi l'usine en 2004 pour y implanter galeries et résidences.
A nos oreilles cette histoire est presque déjà connue et rappelle beaucoup de situations similaires dans d'autres villes européennes : un Shanghai berlinois certes puisque tout existe ici.
A l'image, et un peu après, les expériences culturelles pékinoises (cf le Dashanzi-798 et l'orchestration de
"La ruée vers l'art" http://next.liberation.fr/article/pekin-la-ruee-vers-l-art), la zone a été incorporée à la fabrique urbaine shanghaienne, officiellement adoubée par la municipalité et rebaptisée en avril 2005 "Creative Industry Clustering Park".
Vraie ou fausse spontanéité, le lieu s'arpente et l'art contemporain chinois se visite et s'achète dans les anciens ateliers, entrepôts et vestiaires.
A Pékin, le retour d'expérience des "friches artistiques" pourrait faire craindre l'avenir du lieu. En 2007, cerné par les Starbucks et envahi de touristes passant par le 798SPACE après la Cité Interdite et avant le Marché aux soies, l'artiste Cang Xin constatait «Ce que le gouvernement n’a pas réussi par la censure, il est en train de l’obtenir par le commerce. Je ne vois plus beaucoup de contestation autour de moi.»
D'aucun décrive l'art contemporain chinois comme une visite organisée (dédiée principalement aux étrangers)ou la mise en scène baroque et décalée des traditions et de l'histoire récente du pays.
La visite du M50 suggère le classement suivant, injuste et bien sûr trop rapide, de cette progéniture monstrueuse, fruit des amours contrariés d'Andy Warhol et de Mao Tsé-toung.
- le style POP-révolution culturelle
sujets : ouvriers, paysans et soldats des temps glorieux passés aux néons
ambiance : humooouuuur et décalage
- le style Destroy art and Craft
sujets : les objets traditionnels chinois revisités
ambiance : joliesse et chinoiserie
- le style Triste urbanité
sujets : gros chantiers, skylines et échangeurs
ambiance : mélancolie obligée
- le style Pandi Panda
sujet : pause et repose, la contemporanéité exubérante
ambiance : gesticulation colorée
ÇA POURRAIT RESSEMBLER À QUOI UN MONDE DE CULTURISTES ?
Il y a 2 jours
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